Me Sandro Cellucci est Directeur Principal et Avocat en Chef au sein d’Hydro-Québec depuis mars 2015.
Relevant du Vice-président Affaires corporatives et Secrétariat général, il fournit les conseils juridiques à l’entreprise, et plus particulièrement à la haute direction, dans toutes les sphères de ses activités.
Avant de se joindre à Hydro-Québec en 2004, Me Cellucci a œuvré 7 ans au sein du cabinet Ogilvy Renault (maintenant Norton Rose Fulbright) en droit des affaires, plus particulièrement en fusions et acquisitions.
Membre du Barreau depuis 1998, il a également complété un baccalauréat en administration des affaires (finance) à l’École des Hautes Études Commerciales et un stage auprès de l’honorable juge Jean-Louis Baudouin de la Cour d’appel du Québec.
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?
Pendant mes études en finance à l’École de Hautes Études Commerciales, j’ai eu la chance de voir à l’œuvre un avocat spécialisé en droit commercial. J’ai alors su que j’avais trouvé mon chemin. Ce qui m’a charmé dans le droit est cette capacité à changer les choses et à aider, que je ne sentais pas autant en restant en finance. Un peu comme un médecin écoute son patient lui faire part de ses maux pour lui poser un diagnostic et lui suggérer un remède, l’avocat analyse la situation juridique de son client et lui propose des pistes lui permettant de solutionner de façon pratiques ses enjeux. C’est qui m’a attiré vers le droit.
Il n’est pas évident, à 17 ans, de choisir un métier pour la vie alors que l’on cherche encore à se connaitre. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’accepte volontiers de répondre aux questions d’étudiants qui s’interrogent sur leurs choix de carrière.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Je le vis présentement! Je suis, depuis un an, à la tête d’une des plus belles et grosses boîtes d’avocats au Québec, œuvrant dans des domaines variés du droit : commercial, litige, règlementaire, environnement, construction, autochtone, immobilier, travail et emploi, propriété intellectuelle, etc. Je supervise soixante-dix personnes, dont environ 50 avocats, en tentant de créer un milieu de travail propice à l’épanouissement personnel et professionnel, et cela, tout en rencontrant les objectifs, besoins et contraintes de l’organisation.
C’est certainement un défi, mais surtout un privilège, en ce que j’ai non seulement le pouvoir d’influencer le quotidien de mes employés, mais également les décisions stratégiques de l’entreprise. Malgré cette charge administrative importante, je demeure, par plaisir, activement impliqué dans les dossiers stratégiques. J’apprécie encore « avoir les mains dedans»!
A ce défi, s’ajoute celui, plus personnel, de réussir à non seulement être un bon patron et un bon employé, amis aussi un bon papa, un bon conjoint et un bon ami. Combiner tout cela signifie qu’il m’arrive d’emmener les enfants quelques heures au bureau la fin de semaine, mais ils y prennent beaucoup de plaisir et cela ne se fait pas au détriment de la famille!
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit ou à notre profession ?
Notre profession n’est pas représentative de la société québécoise au chapitre de la diversité ethnoculturelle : un faible pourcentage d’avocats fait partie d’une minorité visible. Je n’ai pas de baguette magique, mais j’ai la chance d’être à la tête d’un des plus importants contentieux au Québec.
Notre contentieux se doit de donner l’exemple tout comme les autres grands cabinets et services juridiques. Des efforts doivent être déployés afin de promouvoir notre profession auprès des jeunes et des différentes communautés ethniques afin de les attirer et de mieux les intégrer à la pratique. La diversité culturelle ne pourra qu’enrichir notre profession en apportant de nouvelles idées et des regards différents sur les choses.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique
La perception est, selon moi, plutôt stable.
Dans le milieu des affaires, notre profession est respectée, et notre travail et valeur ajoutée sont reconnus.
Pour le grand public, cependant, la perception semble parfois tout autre. Les taux horaires élevés chargés en échange de services intangibles (à savoir des conseils juridiques) font en sorte que les clients ont parfois l’impression de ne pas en avoir pour leur argent, ou que les avocats profitent de leur malheur ou compliquent indûment les dossiers. Les coûts et délais d’un litige contribuent par ailleurs à renforcer, malheureusement, cette perception négative.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière ? Que faut-il pour se retrouver à la tête d’un service juridique, comme vous?
Voici les qualités que je me suis efforcé de développer et qui m’ont aidées dans ma carrière : l’intégrité, l’écoute, le bon jugement (le « gros bon sens ») et la capacité à rester calme. Le fait d’adopter une approche innovatrice et « to think outside the box », de même que de s’orienter avant tout vers la recherche de solutions, contribuent au succès. D’ailleurs, un sage (feu Doug Tees, associé chez Ogilvy Renault) m’avait enseigné, quand j’en étais à mes débuts en pratique, qu’il ne fallait jamais approcher un client pour lui parler d’un problème sans avoir une solution à suggérer.
En vrac….
- Il lit… 1984 (George Orwell) et a récemment relu (pour sa fille) Le Petit Prince (Antoine de Saint-Exupéry)
- Il nous recommande le film: Unbroken (Réalisateur : Angelina Jolie)
- Sa chanson fétiche : My way (Frank Sinatra)
- Son dicton préféré : «Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours» (Gandhi)
- Son péché mignon : le chocolat, beaucoup de chocolat…
- Son restaurant préféré : Da Emma (Rue de la Commune Ouest)
- Le pays qu’il aimerait visiter : La Russie
- Il admire… : Nelson Mandela. Après 25 ans d’emprisonnement dans des conditions horribles, et après avoir refusé d’être libéré pour rester fidèle à ses convictions, il a réussi à mettre fin pacifiquement au régime de l’apartheid et est devenu le premier président noir d’Afrique du Sud. C’est un bel exemple de résilience. Pure coïncidence : il était également avocat!
- S’il n’était pas avocat, il serait… chirurgien!