Martin Bernard est le fondateur de BDBL Avocats Inc.
Il possède une solide expérience en matière de litige civil et commercial et en droit de la construction. Il représente d’importants donneurs d’ouvrages publics et privés dans le cadre de projets d’ingénierie de grande envergure. Il agit aussi à titre de conseiller pour le compte de grandes entreprises relativement à l’analyse de soumissions et à l’adjudication de contrats, à la suite d’appels d’offres publics.
Me Bernard a également une expérience significative en droit administratif et disciplinaire. Il a aussi, à plusieurs reprises, agi à titre de procureur dans le cadre d’enquêtes publiques.
Plaideur exceptionnel dont les compétences sont reconnues par ses pairs, Martin Bernard partage son savoir lors de séminaires portant sur les techniques de plaidoirie, qu’il anime annuellement depuis 2005, dans le cadre du programme de formation continue du Barreau du Québec.
Avant de mettre sur pied son cabinet en 2009, Martin Bernard a travaillé au sein de la Direction du contentieux du ministère de la Justice du Québec (bureau des plaideurs) de 1983 à 1987. Il s’est par la suite joint à un grand cabinet national, à l’époque Byers Casgrain, devenu par la suite Fraser Milner Casgrain et connu aujourd’hui sous le nom de Dentons. Martin Bernard a assuré la direction du département de litige composé de plus de 30 avocats et il a siégé au sein du conseil d’administration de ce cabinet. Il est membre du Barreau du Québec depuis 1984.
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession? Était-ce le fruit d’un hasard, de famille ou le résultat d’une longue réflexion?
J’ai choisi d’être avocat pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la génétique : je ne compte, en effet, aucun avocat dans ma famille. Ayant évolué dans un monde de cultivateurs avec un père qui travaillait comme médecin vétérinaire, mon rêve d’adolescent, bien différent, était de réaliser et de mettre en scène des pièces de théâtre. Or, dans les années 70, il fallait, pour y arriver, d’abord passer par le Conservatoire ou l’École nationale et devenir comédien.
La personne qui m’a passé en audition m’a bien candidement indiqué que l’acting n’était pas pour moi….et elle avait tout à fait raison! Devant cela, je me suis alors demandé ce qui se rapprochait le plus de mon objectif. J’en ai conclu que c’était le métier d’avocat plaideur, où l’on écrit, en quelque sorte, un scénario à partir d’une histoire racontée.
Comme avocat, mon rôle consiste à mettre l’information dans un texte qui se lit facilement, un peu comme une histoire, et qui m’amène à demander à un tribunal de conclure d’une certaine façon. Les clients sont les acteurs et les témoins d’une histoire que je n’invente pas moi-même, mais qui me permet de mettre en pratique mon intérêt pour la rédaction et la mise en scène. Il s’agit ici de traduire dans un langage accessible et par une plaidoirie de quelques heures un ensemble de faits s’étant souvent échelonnés sur plusieurs années. La vérité ne s’invente évidemment pas, mais elle « s’installe » dans un certain contexte et se présente d’une certaine façon au tribunal.
Je suis, en bref, tombé amoureux de la règle de droit et de l’art d’écrire des histoires. J’adore cela, et ça me passionne toujours aujourd’hui!
Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière ?
Le grand défi de la pratique, pour moi, réside dans le fait d’être à la hauteur des préoccupations et attentes des personnes qui font appel à moi pour participer à la résolution d’un problème. Il s’agit d’un défi quotidien qui, un peu comme la vaisselle, est à recommencer chaque jour!, dit-il en riant.
Cela implique beaucoup d’écoute et d’ouverture vis-à-vis des besoins des clients, et de savoir leur dire ce qu’on peut faire ou non pour eux. Mon travail consiste à les soulager de leur problème, à leur permettre de ne pas s’inquiéter et à se sentir entre bonnes mains, sachant que quand ils auront des décisions à prendre, ils les prendront de façon éclairée. Cela signifie aussi que je ferai non seulement tout en mon pouvoir pour les outiller à prendre les meilleures décisions possibles, mais que je respecterai les choix qu’ils feront.
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Si j’avais une baguette magique, je ferais en sorte que nous ayons tous, comme avocats, le même objectif, à savoir de trouver une solution qui soit dans l’intérêt de toutes les parties. J’aimerais avoir l’assurance, quand j’interviens et appelle un confrère, qu’il a la même ambition que moi, à savoir de dénouer le problème. Nos adversaires n’ont évidemment pas à être nos amis, mais ils se doivent d’agir comme des collègues. La volonté de trouver une solution, plutôt que de par exemple s’en tenir à répondre à l’autre avocat qu’il doit ‘déposer ses procédures’, commence à mon avis par le respect entre confrères. Rappelons-nous, ici, que la personne à convaincre est le juge, et que tout le processus est grandement facilité (et rendu plus agréable) quand les parties font preuve de courtoisie.
La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
La perception n’est, à mon avis, ni pire ni meilleure. Ce qui se retrouve dans les journaux donne parfois du lustre à ce que l’on fait, et en enlève parfois aussi, selon l’histoire. Certains pensent que parler fort et être agressif fait de nous de bons avocats, alors que c’est complètement faux. Je n’ai, en effet, jamais entendu un décideur être impressionné par cette approche. En résumé, il existe des avocats dont je suis très fier et qui représentent bien le rôle que nous devons jouer au sein de la société. Certains font très bien leur travail et d’autres, non, comme dans toute profession.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir comme avocat de pratique privée :
L’important est de bien définir ses objectifs et de savoir pourquoi on choisit de faire ce métier. Si l’objectif est de devenir riche, fais autre chose : il y a de belles compagnies à vendre, qui ne demandent qu’à être achetées et qui peuvent générer beaucoup d’argent. La formation juridique aidera par ailleurs celui qui se lancera dans cette voie.
Le métier d’avocat, pour moi, est plutôt une vocation, un peu comme le fait d’être infirmier ou médecin : il faut, pour réussir, être passionné du droit et de l’envie de défendre les gens, les couples en difficulté, les entreprises, etc.
Il faut aussi être prêt à donner du temps…parce que c’est un travail qui en demande beaucoup! Il faut également savoir faire preuve d’humilité, sachant que la relation d’autorité n’existe pas qu’avec les pairs et les seniors, mais aussi avec les tribunaux eux-mêmes, et qu’il y a beaucoup à apprendre.
Enfin, il faut avoir de la persistance, démontrer de la rigueur vis-à-vis de soi-même et ne pas penser qu’il y a des recettes toutes faites qu’on peut appliquer facilement.
- Le dernier bon film qu’il a vu : 12 Years a Slave (réalisateur : Steve McQueen)
- Le dernier bon livre qu’il a lu – «Je vais mieux» (auteur :David Foenkinos)
- Ses chansons fétiches – « Goodbye Yellow Brick Road» et «Your song», étant un grand fan d’Elton John.
- Son expression favorite : « nom d’une Bobinette ! »
- Ses restaurants préférés – Marinara (rue Stanley), le successeur du Piémontais, qu’il aimait beaucoup, et le Club Chasse et Pêche (rue Saint-Claude).
- Son péché mignon : un bon steak (ribeye)
- Le personnage historique qu’il admire le plus: Martin Luther King, pour la grandeur de l’homme et la pertinence de son discours, encore aujourd’hui.
- Les pays où il aimerait retourner – en Argentine et au Chili.
- S’il n’était pas avocat, il serait… jardinier!