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Il n’y a pas de plus grand défi que l’accès à la justice

23 novembre, 2017

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Stéphanie Beaulieu, directrice générale du Jeune Barreau de Montréal…
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession? Était-ce de tradition familiale ou pour une autre raison?
Il ne s’agissait pas, non, de tradition familiale dans mon cas. En toute honnêteté, je ne peux dire que le droit représentait pour moi une vocation. Je savais cependant que la discipline me permettrait de bien m’outiller et de me rendre utile à la société et j’avais toujours été interpellée par la justice, défendant déjà mes amis quand l’occasion se présentait, même dans la cour d’école du primaire.
J’ai fait partie de ce fameux lot de gens qui se font encourager à aller en droit au motif que « toutes les portes » s’ouvriront à eux par la suite, d’autant plus que bien des départs à la retraite se font et laissent ainsi des postes à combler.
Il est un peu ironique, à ce sujet, de constater que je me retrouve aujourd’hui à défendre le Rapport sur la situation de l’emploi chez les jeunes avocats du Québec, en expliquant justement que cette image ne correspond pas tout à fait à la réalité. Le contenu du rapport ne change évidemment pas le fait que je crois que le droit est une profession qui ouvre bien des portes, mais la situation n’est pas rose pour tous. Il est important que les jeunes entrent en droit en connaissant la réalité du marché de l’emploi et en sachant quelles carrières alternatives à la pratique traditionnelle, comme la mienne, existent.
2. Quel est votre plus grand défi professionnel?
Mon plus grand défi professionnel, je le vis au quotidien! Le Jeune Barreau de Montréal est un organisme qui carbure aux défis. Nous travaillons avec acharnement pour défendre les intérêts de nos membres et améliorer l’accessibilité à la justice. Pour moi, il n’y a tout simplement pas de plus grand défi que ça. C’est la succession et le cumul des petites actions qui font la différence dans notre entourage et l’effort collectif que nous faisons, en donnant notre 110%, permet de réaliser des changements positifs.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
C’est sûr que l’accès à la justice est important. En tant que directrice générale, je considère qu’il est important que les membres soient heureux et accomplis dans leur travail. Dans les deux cas, il faut moderniser la pratique du droit, autant pour en faciliter l’accès que pour rendre les gens heureux. Souvent, l’innovation passe par les jeunes – les jeunes doivent apprendre à innover, penser différemment et faire preuve de créativité. Il faut réfléchir à des nouvelles façons de faire. C’est le rôle de l’université et du Barreau de nous aider. La responsabilité d’innover nous revient ensuite.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle positive, ou moins positive?
Je pense que la perception n’est certainement pas aussi positive qu’elle devrait l’être. Les gens doivent avoir confiance. Je ne mets pas mes lunettes roses : je suis consciente qu’il y a beaucoup de travail à faire. Je suis contente d’être au JBM pour aider à faire ce travail; de faire voir l’avocat, non pas comme un guérisseur de problèmes, mais comme un partenaire d’affaires dans la vie courante.
Je suis toujours un peu peinée de cette perception qu’a le public, mais quand je regarde les finalistes chaque année, c’est à couper le souffle. Ils s’illustrent par leur carrière et aussi par leur engagement dans la communauté. D’ailleurs, le temps qu’ils consacrent au pro bono mériterait d’être davantage connu…
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant avoir, comme toi, une carrière non traditionnelle? C’est quoi le truc pour trouver la bonne job?
Il faut savoir saisir les opportunités. Moi, je savais que la gestion me passionnait – mais cela manquait à ma formation. J’ai donc complété un DESS au HEC. Quand j’ai vu le poste de directrice générale pour le JBM, j’aurais pu me dire que cela ne semblait pas convenir à mes aspirations et ne pas essayer. Je n’étais pas encore assermentée quand j’ai vu l’annonce, alors je n’étais pas encore impliquée dans le milieu. Je n’étais donc pas connue par les gens du Jeune Barreau. J’ai cependant choisi d’oser.
Le succès vient avec le travail. Il y a rarement de réussites faciles ou d’échecs définitifs. Il faut apprendre de ses échecs, car chaque échec est une opportunité d’apprentissage. Le succès n’est pas un accomplissement en soi, mais une démarche.

  • Elle a beaucoup aimé lire: La Marque de Windfield (auteur : Ken Follett), et aime relire, le dernier tome de la série Cœur de Gaël (auteure : Sonia Marmen)
  • Une fan éternelle de : Footloose – film des années 1980 (réalisateur : Herbert Ross)
  • Elle dit souvent: Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, et un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté, et : The Show Must Go On!
  • Son péché mignon : le popcorn (surtout le Bad Monkey)
  • Elle aime s’arrêter casser la croûte au… Mia Tapas (rue Castelnau à Montréal)
  • Elle aimerait visiter… l’Afrique du sud
  • Si elle n’était pas avocate, elle serait… gestionnaire dans le milieu des arts et plus spécifiquement dans le milieu de la danse. « L’important pour moi est d’être dans une organisation dont la mission rejoint mes valeurs, car le sentiment d’appartenance est une valeur importante pour moi et nécessaire pour un emploi.»
Membre du Barreau du Québec depuis 2016, Me Stéphanie Beaulieu est détentrice d’un baccalauréat en droit de l’Université de Montréal ainsi que d’un diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion d’organismes culturels de HEC Montréal. À l’Université de Montréal, celle-ci a été élue à titre de présidente de la Corporation des étudiants finissants en droit (CEFDUM). Avant son arrivée au Jeune Barreau de Montréal (JBM), Me Beaulieu a pratiqué en contentieux d’entreprise où elle a été appelée à gérer des dossiers en droit du travail et plusieurs tâches liées aux ressources humaines. Elle a également travaillé au sein d’une jeune entreprise de mode québécoise en pleine croissance, VOLT Design.
Me Beaulieu est directrice générale du JBM depuis juillet 2016 où elle est responsable de la gestion de l’ensemble des activités et projets et de l’exécution des décisions prises par le conseil d’administration afin de défendre et promouvoir les intérêts des membres ainsi que d’améliorer l’accessibilité à la justice. Pour ce faire, elle est chargée de diriger et de mobiliser les employés permanents ainsi que plus de 200 avocats bénévoles répartis au sein des divers Comités du JBM.