Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Pascale Elharrar, chef adjointe des services juridiques et directrice générale de BMO Groupe financier.
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir une autre profession?
J’ai toujours su que je voulais être avocate : le litige, les plaidoiries et la possibilité de convaincre m’attiraient. Ma petite sœur – elle avait un talent particulier pour se mettre dans le pétrin!! – a été ma première cliente. À treize ans, je me trouvais à plaider sa cause auprès de nos parents : rien ne me donnait plus de satisfaction que de récupérer pour elle son heure de télévision confisquée. J’ai appris à adorer la stratégie, la négociation et la plaidoirie à un jeune âge. Plus tard, la pratique en cabinet privé et, éventuellement, mon saut en entreprise, m’ont confirmé que c’était vraiment pour moi une vocation.
Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Il y a environ huit ans et sur une période subséquente d’environ deux ans, j’ai eu l’occasion de travailler avec le Groupe de travail pour la modernisation de la réglementation en valeurs mobilières, dont un des leaders seniors de BMO était membre. Il s’agissait d’un comité canadien mis sur pied par ce qui constitue aujourd’hui l’OCRCVM.
Le projet traitait de questions importantes pour les marchés des capitaux et la protection des investisseurs, et réunissait les sommités du secteur des valeurs mobilières. Ce fut pour moi une période de travail intense et fascinante, tant parce que le projet avait une importance extraordinaire pour l’industrie que sur le plan personnel : je n’avais que 36 ans, et dix ans de pratique seulement. La pression n’a certes pas diminué lorsque, quelques mois plus tard, on m’a officiellement invitée à me joindre au Groupe à titre de membre.
Être autour de la table avec ces chefs de file du milieu était quelque peu intimidant, mais le défi que cela a présenté, le sentiment de responsabilité et la possibilité de faire une différence m’ont encouragé. Ce fut une expérience absolument extraordinaire et enrichissante!
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
J’éliminerais les heures facturables! En effet, l’heure facturable a moins sa place aujourd’hui, dans un contexte où les entreprises recherchent la réduction des dépenses juridiques, la prévisibilité des coûts et un alignement des intérêts des cabinets avec ceux des entreprises, en évitant un excès d’heures travaillées et chargées. Il y a, cela dit, du progrès en ce sens : les cabinets d’avocats se montrentde plus en plus ouverts aux modes alternatifs de facturation. Il n’en demeure pas moins qu’il reste du travail à faire de ce côté.
La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique?
Je crois qu’elle est plus positive qu’elle ne l’était. Je constate qu’existe une meilleure perception, tant au sein de la profession que de la part du public en général, de la valeur ajoutée qu’apportent les avocats d’entreprise. Ils sont de plus en plus perçus comme de véritables conseillers de confiance et des partenaires stratégiques. On est désormais plus conscient de ce qu’apportent les avocats en entreprise.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière en droit?
J’en ai 4. D’abord, il n’est jamais trop tôt pour développer ses aptitudes de leader: elles sont critiques au succès, sur le plan professionnel et personnel. Ensuite, le talent que recherchent les employeurs d’aujourd’hui va bien au-delà des compétences techniques. Soyez positif, innovateur et agent de changement, et rien ne vous pourra plus vous arrêter!
Ne cessez jamais d’être curieux et d’apprendre de ceux qui vous entourent, et enfin, aux femmes qui ont des familles: sachez reconnaître qu’il n’est pas facile de trouver un équilibre. Établissez autour de vous un bon réseau de support et acceptez que vous ne pouvez y parvenir seule!
En vrac…
• Le dernier bon livre qu’elle a lu – David and Goliath de Malcolm Gladwell. Elle adore tout ce qu’il écrit!!
• Le dernier bon film qu’elle a vu – Elle vient de revoir Truman Capote, un peu en hommage à la mémoire de Philippe Seymour Hoffman.
• Ses chanteurs & groupes de musique préférés? Adèle, Pink, My Chemical Romance, Vampire Week-end et Miles Davis.
• Son expression préférée –« Be the change you want to see in the world » Mahatma Ghandi.
• Son péché mignon (franchement mignon, comme péché!) : Quand elle et sa fille de 4 ans vont se faire faire une manucure!! Ce qu’elle voyait auparavant un peu comme une perte de temps est devenu un réel petit plaisir entre filles.
• Son restaurant préféré – Babbo Enoteca, à New York
• Le pays qu’elle aimerait visiter– L’Inde
• Le personnage historique qu’elle admire le plus – Rosa Parks, pour son courage, qui a déclenché le mouvement des droits civiques.
• Si elle n’était pas avocate, elle serait… Chef!! C’est qu’elle adore cuisiner, être entourée des siens et…manger!!
Me Pascale Elharrar est Chef adjointe des services juridiques et directrice générale, BMO Groupe financier (« BMO »). Elle dirige l’équipe juridique de BMO pour le groupe Gestion de patrimoine en ce qui a trait principalement aux litiges civils et réglementaires. Elle préside également le Groupe de gestion de pratique du litige à la BMO, lequel a pour mandat d’établir et promouvoir les meilleurs pratiques, politiques et stratégies pour la gestion des risques civils et réglementaires à travers BMO.
Elle siège au Conseil d’administration des Grands Ballets Canadiens de Montréal et elle est membre du Comité consultatif du Centre National de Danse-Thérapie des Grands Ballets. Me Elharrar est aussi membre du Comité de gouvernance de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Elle est membre du comité disciplinaire du Groupe TMX (anciennement Bourse de Montréal) et elle a été membre du Groupe de travail pour la modernisation de la réglementation en valeurs mobilières mis sur pied en 2005 par l’ACCOVAM (maintenant l’OCRCVM), lequel a émis son rapport en Octobre 2006 contenant plus de 60 recommandations.
Me Elharrar donne des conférences sur les questions de droit, gouvernance et de conformité à la réglementation intéressant le secteur des placements. Elle est citée dans des publications juridiques dont Lexpert et le Canadian Lawyer Magazine. Avant de se joindre à BMO en 2001, elle a pratiqué le droit dans les domaines du litige de commerce et des valeurs mobilières au sein du cabinet Bélanger Sauvé. Me Elharrar détient un baccalauréat ès art (distinction) de l’Université Concordia et un baccalauréat en droit (Prix Martineau) de l’Université de Montréal.