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Effort et persévérance …

13 août, 2017

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Caroline Lemoine, vice-présidente, chef des affaires juridiques et secrétaire chez Industries Lassonde…
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocate plutôt que de choisir une autre discipline?
Ce fut, dans mon cas, vraiment intuitif. En effet, j’aimais autant les sciences de la santé que les sciences humaines. Après une incartade d’un an à HEC, je me suis dirigée vers le droit, ne trouvant pas les cours de gestion aussi intéressants que je ne l’anticipais et réalisant que les gens ne me ressemblaient, somme toute, que peu, quand je les comparais à ceux que je côtoyais et qui étudiaient le droit.
Intuitivement, j’ai ressenti que ma personnalité cadrerait bien avec la profession juridique. D’aussi loin que je me rappelle, la réussite, l’intensité et l’intégrité avaient toujours été importants pour moi. Les études en droit me permettaient, justement, d’obtenir un titre professionnel (réussite), alors que la profession d’avocat me paraissait stimulante au niveau intellectuel (intensité) et qu’elle impliquait une contribution à l’application des règles que nous avons choisies comme société (intégrité).
Mes parents, des universitaires, ont tenté de me dissuader au motif qu’il y avait beaucoup d’avocats et qu’il pourrait être difficile d’y gagner ma vie, mais j’ai quand même décidé de tenter ma chance! Après plus de vingt ans, j’ai le plaisir de pouvoir dire que j’adore toujours mon travail et que je continue d’apprendre et d’être stimulée intellectuellement.
Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Mon plus grand défi, je l’ai vécu à mon arrivée chez Lassonde. A l’époque, il s’agissait d’une création de poste, la compagnie n’ayant alors pas d’avocat à l’interne. La croissance organique et par acquisition a depuis fait en sorte que l’entreprise a aujourd’hui un chiffre d’affaires sept fois plus gros qu’il y a douze ans, alors que 60% de nos affaires sont aujourd’hui basées aux États-Unis. L’industrie alimentaire étant très compétitive, il faut par ailleurs constamment se démarquer par notre rapidité d’exécution.
Le défi était donc non seulement de structurer les choses au juridique, mais de faire évoluer le département dans un contexte de croissance, en travaillant tant à soutenir les opérations qu’à faire des acquisitions. J’ai la chance de pouvoir compter sur une équipe de direction qui accorde de l’importance au juridique, et de travailler dans le plaisir avec une équipe qui compte maintenant quatre avocats.
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit
Si j’avais une baguette magique, j’aimerais, dans quinze ou vingt ans d’ici, que les hauts taux d’admission de femmes dans la profession juridique se reflètent mieux dans les « postes avec visibilité ». J’aimerais, en effet, constater un meilleur équilibre des genres et une présence accrue du nombre de femmes dans des postes de direction, de chefs de contentieux et d’associés.
La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique?
Je crois que la perception, d’une part, est plus positive pour les gens évoluant dans le milieu des affaires. A mon avis, et dans un monde où tout se complexifie, les gens d’affaires savent mieux apprécier l’apport et la valeur des avocats, tant à l’interne qu’à l’externe.
D’autre part, je crois à l’inverse que la perception est plus négative pour les gens qui ne font pas partie de cette première catégorie. Malheureusement, le volume d’informations accessibles et les nombreux outils de communication font en sorte que certains événements négatifs, souvent perçus comme plus accrocheurs, ont plus de visibilité que nécessaire et contribuent à accentuer les préjugés envers les avocats et la profession en général.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière, ou encore à quelqu’un voulant faire sa marque et devenir chef de contentieux?
Il est, en fait, nécessaire de s’exposer à une variété de dossiers différents, pour ensuite choisir ce que l’on aime et approfondir ses connaissances.
Outre cela, il faut de l’effort, de l’effort et encore de l’effort.
Il faut aussi savoir persévérer et faire montre d’humilité. En effet, certains sont déçus, dans les premières années, de devoir assumer des responsabilités qui ne sont pas, selon eux, toujours à la hauteur de leur plein potentiel. Il faut pourtant savoir être patient, et attendre pour pouvoir saisir les opportunités.
Un livre qu’elle aime beaucoup et qu’elle a récemment pris plaisir à relire, 20 ans plus tard : « La vie devant soi » (auteur : Romain Gary).
Un documentaire qu’elle a vu récemment : « Where to Invade Next? » (Michael Moore).
Son artiste préférée : Sarah Vaughan
Son expression préférée : « Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir » (Confucius).
Elle craque pour… la poutine!!
Son restaurant préféré : Bouillon Bilk (Boulevard St-Laurent)
Le personnage historique qu’elle admire le plus (et pourquoi?) : Lucille Teasdale, qui a étudié en médecine alors que très peu le faisaient, a dû s’expatrier pour faire sa résidence en chirurgie et a consacré sa vie aux plus démunis.
Si elle n’était pas avocate, elle serait… diplomate!!

Me Caroline Lemoine occupe, depuis 2006, le poste de vice-présidente, chef des affaires juridiques et secrétaire chez Industries Lassonde inc., leader nord-américain dans le secteur des jus et boissons de fruits.
Elle est responsable des questions d’ordre juridique de la société et, à ce titre, a été impliquée dans une multitude de dossiers, incluant des dossiers de fusions et acquisitions, de financement, de gouvernance, de litige et de conformité d’une société dont les titres sont transigés en bourse. Elle agit également à titre de secrétaire des conseils d’administration de la société et de ses filiales.
Avant de se joindre à Lassonde en 2004, elle a débuté sa pratique au sein du secteur de droit des affaires du cabinet Miller Thomson LLP. Me Lemoine détient un diplôme en droit civil (LL.B.) de l’Université de Montréal et est membre du Barreau du Québec depuis 1993.