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Faisons parler les leaders: L’école ne termine pas avec le Barreau!

15 juillet, 2015

Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Solomon Sananes, l’associé directeur du bureau montréalais de Norton Rose Fulbright….

1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?

Il n’y avait pas vraiment d’autre avocat dans la famille et je ne peux non plus affirmer que j’avais cette idée depuis l’enfance. J’ai plutôt réalisé, dans le cadre de mes études, que j’étais intéressé par les questions et les cours impliquant la résolution de conflits de façon conceptuelle, qu’il s’agisse de conflits entre différentes philosophies ou encore de l’histoire de certaines guerres.
Au cégep, je me suis intéressé aux affaires et à l’administration et j’ai d’abord fait un baccalauréat en commerce. J’ai adoré les cours de droit que j’ai faits dans ce cadre et j’ai donc décidé d’entrer à la faculté ensuite !
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière / dans votre emploi actuel ? 
Il existe évidemment des défis quotidiens, que ce soit dans des dossiers ou dans mes nouvelles fonctions d’associé directeur du bureau de Montréal.
Parmi ceux-ci, je pense à la nécessité de gérer mon temps et de réconcilier les priorités entre une pratique quand même assez chargée et les exigences du rôle de gestionnaire : les deux prennent un temps fou et il n’est pas toujours aisé de tout balancer ! Je suis encore en phase d’apprentissage sur ce point et je fais de mon mieux pour mettre les priorités aux bonnes places, qu’il s’agisse de demandes de clients ou de demandes internes.
Quant aux dossiers, je pense à un important dossier sur lequel j’ai travaillé avec d’autres alors que j’en étais à mes premières années en pratique. Il s’agissait d’un dossier de financement relatif à l’appareil Global Express de Bombardier. C’était un de mes premiers dossiers comme avocat de valeurs mobilières, et j’ai été très impliqué dans la création de la structure de financement. Il me fallait non seulement apprendre le fond du dossier, mais aussi m’habituer à la pratique du droit, comprendre tant les enjeux d’affaires que juridiques et savoir agir comme avocat d’affaires.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à l’environnement montréalais et/ou à la pratique du droit ? 
Ce n’est pas tellement la pratique du droit que je changerais mais le marché montréalais à certains égards. En effet, beaucoup de compagnies montréalaises ont été acquises ou ont été fusionnées, alors que d’autres ont fait faillite, sans nécessairement qu’il y ait eu le renouvellement qu’on aurait dû ou voulu observer. Nous comptons évidemment des champions mondiaux chez nous – pensons notamment à CAE et à Bombardier -, mais j’aimerais, si j’avais une baguette magique, voir un entrepreneuriat plus vivant du côté des PME.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique ? 
Je suis d’avis que la perception est plus ou moins égale. Si la perception du public en tant que groupe est parfois négative, je crois qu’il en est généralement autrement quant à la perception individuelle. En effet, je crois que l’expérience qu’ont les individus avec leurs avocats est assez positive, par opposition à celle du public en général. Quant à mon environnement immédiat, à savoir celui des valeurs mobilières et des fusions & acquisitions, le public visé consiste en des gens d’affaires : dans ce cas, je crois que la perception est plutôt positive.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir en pratique privée ? 
Ici, il n’y a pas de baguette magique. Il faut d’abord travailler fort et se rappeler que ce que « l’on vend », comme avocat, est notre expertise et notre temps. On ne peut prendre de raccourci et réussir à offrir aux clients quelque chose qui soit du niveau auquel ils s’attendent. Alors que, d’une part, les clients sont de plus en plus sophistiqués et posent des questions très complexes, la compétition est, d’autre part, de plus en plus féroce.
Le plus important pour un jeune avocat est donc de bien comprendre que l’école ne termine pas avec le Barreau ! Il faut continuellement améliorer ses compétences, lire beaucoup et se tenir au courant des développements qui surviennent afin de bien conseiller ses clients. La seule façon de devenir compétent pour pouvoir donner des conseils pratiques à ses clients est d’apprendre continuellement. Finalement, je crois qu’il faut savoir être très organisé dans sa façon de pratiquer. Cela peut paraître évident à première vue, mais je constate pourtant souvent que les gens ne sont pas aussi structurés dans leur pensée qu’ils pourraient l’être.
En vrac…
• Le dernier bon livre qu’il a lu – History of the Magna Carta (auteur : Geoffrey Hindley)
• Le dernier bon film qu’il a vu – The Judge (réalisateur : David Dobkin)
• Sa chanson du moment – Lazaretto (Jack White)
• Son péché mignon – Les pâtisseries libanaises !
• Son restaurant préféré – La Maison Boulud (Rue Sherbrooke)
• Le pays qu’il aimerait visiter – L’Autriche
• Un personnage fictif qu’il aime beaucoup – Il est un fan des histoires de Sherlock Holmes, qu’il admire pour son intellect, sa façon de penser et de se concentrer sur chacun des problèmes de façon complète.
• S’il n’était pas avocat, il serait peut-être…ingénieur de son !!

Me Solomon Sananes est l’associé directeur du bureau de Montréal de Norton Rose Fulbright et membre du comité de direction du cabinet au Canada. Il pratique en financement des sociétés et droit des valeurs mobilières (placements privés et appels publics à l’épargne) ainsi qu’en fusions et acquisitions et gouvernance.
Dans le domaine du financement des sociétés, il intervient dans le cadre de nombreux placements au Canada et de placements transfrontaliers entre le Canada et les États-Unis portant sur des titres d’emprunt, des titres de participation et des instruments dérivés pour le compte des émetteurs, des actionnaires vendeurs ou des preneurs fermes. Dans le domaine des fusions et acquisitions, il participe à diverses opérations importantes visant des sociétés ouvertes ou fermées dans le cadre desquelles il représente les vendeurs ou les acheteurs. Il fournit également des conseils à plusieurs sociétés ouvertes canadiennes relativement aux obligations d’information continue, aux questions de gouvernance et à la préparation des assemblées d’actionnaires.
Il est membre du Barreau du Québec depuis 1993.