Cette semaine, Me Dominique Tardif, de ZSA, s’entretient avec Me Patrick Sartore, chef des affaires juridiques et secrétaire corporatif de ProMetic Life Sciences Inc…
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1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?
Je suis l’aîné de cinq garçons d’une famille d’immigrants italiens. Il n’y avait aucun avocat dans la famille; l’accent était cependant mis, à la maison, sur les professions libérales.
J’ai fait un premier baccalauréat en psychobiologie à l’Université Concordia, ayant toujours pensé faire carrière dans le domaine de la santé. Or, en sciences, la maîtrise suit généralement le baccalauréat, et dans un secteur encore plus pointu qu’au départ.
N’étant pas certain de vouloir investir tout ce temps vers quelque chose d’aussi pointu, je me suis demandé au sein de quelle profession je pourrais exploiter un côté «affaires» en même temps qu’un côté «sciences». J’ai alors décidé de me lancer en droit, une discipline qui me paraissait très vaste, sachant que je travaillerais certainement ensuite dans un secteur qui toucherait à la propriété intellectuelle et au domaine de la santé. Bien des années plus tard, je suis heureux de pouvoir, justement, toucher à autant de choses différentes au quotidien.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Je suis l’aîné de cinq garçons d’une famille d’immigrants italiens. Il n’y avait aucun avocat dans la famille; l’accent était cependant mis, à la maison, sur les professions libérales.
J’ai fait un premier baccalauréat en psychobiologie à l’Université Concordia, ayant toujours pensé faire carrière dans le domaine de la santé. Or, en sciences, la maîtrise suit généralement le baccalauréat, et dans un secteur encore plus pointu qu’au départ.
N’étant pas certain de vouloir investir tout ce temps vers quelque chose d’aussi pointu, je me suis demandé au sein de quelle profession je pourrais exploiter un côté «affaires» en même temps qu’un côté «sciences». J’ai alors décidé de me lancer en droit, une discipline qui me paraissait très vaste, sachant que je travaillerais certainement ensuite dans un secteur qui toucherait à la propriété intellectuelle et au domaine de la santé. Bien des années plus tard, je suis heureux de pouvoir, justement, toucher à autant de choses différentes au quotidien.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Mon plus grand défi professionnel fut de passer d’un poste d’avocat en pratique privée à un poste d’avocat au sein d’une entreprise cotée en bourse qui m’amènerait plus tard à faire partie de l’équipe de direction.
Il ne s’agissait désormais plus de donner des opinions de l’externe, mais de moi-même participer à la prise de décisions légales et d’affaires, sachant que ces décisions affecteraient plusieurs entités, des actionnaires, des emplois et même des patients.
Le changement impliquait de passer d’une situation où l’on donne une recommandation sans toujours pouvoir apprécier toutes les facettes d’un enjeu, à une situation où l’on est partie prenante à des décisions qui impactent, par exemple, le prix boursier et affectent les actionnaires.
C’était un grand défi, et le fait de le faire pendant des années très difficiles pour les entreprises de biotechnologie canadiennes (2004-2012) l’était d’autant plus. De 50 millions de $ en valeur, la compagnie est passée à 2 milliards de $. En près de trois ans, nous sommes passés de 80 employés à près de 300. Tout cela impliquait de gérer la croissance, de protéger nos actifs et d’arriver, dans tout cela, à livrer ce que nous avions promis. Il a fallu se montrer très créatif pour ne perdre ni les actifs ni la propriété intellectuelle, et pour continuer de faire avancer la propriété intellectuelle en des temps difficiles, nous permettant ainsi d’avoir la croissance que nous avons connue.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Je pense à deux choses :
D’abord, j’aimerais que l’on resserre les critères permettant aux compagnies d’en poursuivre d’autres, avec pour objectif d’éliminer les abus de droit. En effet, certaines compagnies utilisent parfois des tactiques pourtant légales pour nuire à leurs compétiteurs, ce qui se traduit par des actions non fondées, des pertes de temps & d’argent et qui constitue une source de distraction ralentissant le progrès technologique qu’on pourrait autrement partager plus rapidement avec le monde entier. Le fait de sanctionner les abus et actions frivoles pourrait aussi dissuader les entreprises d’utiliser le droit dans e but de nuire à autrui, et ferait en sorte que les tribunaux seraient davantage utilisés pour des problèmes légitimes.
Si j’avais une baguette magique, j’uniformiserais et harmoniserais aussi le droit d’un pays à l’autre. Cela faciliterait, dans le contexte de mondialisation qu’on connaît, les affaires et augmenterait notre efficacité en ce sens.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
À mon avis, la perception est assez semblable à ce qu’elle était à mes débuts en pratique.
Je crois qu’à l’inverse de la situation américaine, où les avocats ont vu leur réputation ternie notamment suite aux crises financières et aux crimes de cols blancs, les avocats québécois n’ont pas souffert de ces situations de façon aussi importante.
Évidemment, on pense encore spontanément, au Québec, aux avocats comme étant des gens qui traitent avant tout de dossiers de litige et de divorce. Ceci dit, les choses évoluent : les avocats en entreprise qui savent démontrer leur rôle de facilitateur en affaires ou de prévention des litiges contribuent à changer – et pour le mieux – la perception qu’a le public des avocats.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant, comme vous, devenir la personne responsable des affaires juridiques d’une compagnie?
Je crois qu’il est nécessaire de toujours garder ses options ouvertes : il ne faut pas avoir peur du changement. Sauf exception, notre premier emploi ne sera pas le dernier!
Chacune de nos expériences de travail nous aide à devenir une personne qui soit capable de voir les choses sous plusieurs angles. La capacité à considérer plusieurs facettes d’un même enjeu ou d’une même situation est nécessaire à celui qui veut être en position de prendre des décisions, et ne vient qu’avec des expériences multiples.
Enfin, il ne faut pas que penser au but ultime : il faut avoir du plaisir pendant toute la durée du trajet!
· Le dernier bon livre qu’il a lu – The Martian (auteur : Andy Weir)
· Le dernier bon film qu’il a vu : Casino Royale (réalisateur: Martin Campbell)
· Sa chanson fétiche – Patience (Guns ‘N Roses).
· Il dit souvent : Enjoy the ride (and don’t focus on the destination too much!)
· Son péché mignon – un bon scotch!
· Son resto préféré – Sho Dan (rue Metcalfe)
· Un pays qu’il aimerait visiter – la Nouvelle-Zélande
· Le personnage historique qu’il admire le plus – Johannes Gutenberg, inventeur de l’imprimerie, qui a révolutionné le monde et permis d’acheminer l’information efficacement, en permettant l’impression de livres, favorisé l’éducation, etc.
· S’il n’était pas avocat, il serait…psychiatre!
Il ne s’agissait désormais plus de donner des opinions de l’externe, mais de moi-même participer à la prise de décisions légales et d’affaires, sachant que ces décisions affecteraient plusieurs entités, des actionnaires, des emplois et même des patients.
Le changement impliquait de passer d’une situation où l’on donne une recommandation sans toujours pouvoir apprécier toutes les facettes d’un enjeu, à une situation où l’on est partie prenante à des décisions qui impactent, par exemple, le prix boursier et affectent les actionnaires.
C’était un grand défi, et le fait de le faire pendant des années très difficiles pour les entreprises de biotechnologie canadiennes (2004-2012) l’était d’autant plus. De 50 millions de $ en valeur, la compagnie est passée à 2 milliards de $. En près de trois ans, nous sommes passés de 80 employés à près de 300. Tout cela impliquait de gérer la croissance, de protéger nos actifs et d’arriver, dans tout cela, à livrer ce que nous avions promis. Il a fallu se montrer très créatif pour ne perdre ni les actifs ni la propriété intellectuelle, et pour continuer de faire avancer la propriété intellectuelle en des temps difficiles, nous permettant ainsi d’avoir la croissance que nous avons connue.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Je pense à deux choses :
D’abord, j’aimerais que l’on resserre les critères permettant aux compagnies d’en poursuivre d’autres, avec pour objectif d’éliminer les abus de droit. En effet, certaines compagnies utilisent parfois des tactiques pourtant légales pour nuire à leurs compétiteurs, ce qui se traduit par des actions non fondées, des pertes de temps & d’argent et qui constitue une source de distraction ralentissant le progrès technologique qu’on pourrait autrement partager plus rapidement avec le monde entier. Le fait de sanctionner les abus et actions frivoles pourrait aussi dissuader les entreprises d’utiliser le droit dans e but de nuire à autrui, et ferait en sorte que les tribunaux seraient davantage utilisés pour des problèmes légitimes.
Si j’avais une baguette magique, j’uniformiserais et harmoniserais aussi le droit d’un pays à l’autre. Cela faciliterait, dans le contexte de mondialisation qu’on connaît, les affaires et augmenterait notre efficacité en ce sens.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
À mon avis, la perception est assez semblable à ce qu’elle était à mes débuts en pratique.
Je crois qu’à l’inverse de la situation américaine, où les avocats ont vu leur réputation ternie notamment suite aux crises financières et aux crimes de cols blancs, les avocats québécois n’ont pas souffert de ces situations de façon aussi importante.
Évidemment, on pense encore spontanément, au Québec, aux avocats comme étant des gens qui traitent avant tout de dossiers de litige et de divorce. Ceci dit, les choses évoluent : les avocats en entreprise qui savent démontrer leur rôle de facilitateur en affaires ou de prévention des litiges contribuent à changer – et pour le mieux – la perception qu’a le public des avocats.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant, comme vous, devenir la personne responsable des affaires juridiques d’une compagnie?
Je crois qu’il est nécessaire de toujours garder ses options ouvertes : il ne faut pas avoir peur du changement. Sauf exception, notre premier emploi ne sera pas le dernier!
Chacune de nos expériences de travail nous aide à devenir une personne qui soit capable de voir les choses sous plusieurs angles. La capacité à considérer plusieurs facettes d’un même enjeu ou d’une même situation est nécessaire à celui qui veut être en position de prendre des décisions, et ne vient qu’avec des expériences multiples.
Enfin, il ne faut pas que penser au but ultime : il faut avoir du plaisir pendant toute la durée du trajet!
· Le dernier bon livre qu’il a lu – The Martian (auteur : Andy Weir)
· Le dernier bon film qu’il a vu : Casino Royale (réalisateur: Martin Campbell)
· Sa chanson fétiche – Patience (Guns ‘N Roses).
· Il dit souvent : Enjoy the ride (and don’t focus on the destination too much!)
· Son péché mignon – un bon scotch!
· Son resto préféré – Sho Dan (rue Metcalfe)
· Un pays qu’il aimerait visiter – la Nouvelle-Zélande
· Le personnage historique qu’il admire le plus – Johannes Gutenberg, inventeur de l’imprimerie, qui a révolutionné le monde et permis d’acheminer l’information efficacement, en permettant l’impression de livres, favorisé l’éducation, etc.
· S’il n’était pas avocat, il serait…psychiatre!
Me Patrick Sartore est chef des affaires juridiques et secrétaire corporatif de ProMetic Life Sciences Inc.
Me Sartore a joint les rangs de ProMetic en 2006 comme conseiller juridique principal – Propriété intellectuelle et a été nommé secrétaire corporatif de la Société en 2007. Me Sartore occupe le poste de chef du contentieux et secrétaire corporatif depuis mai 2013, mois où il a été nommé chef des affaires juridiques et secrétaire corporatif.
Auparavant, il a été au service d’Univalor Inc., société de valorisation de la recherche universitaire, en tant que conseiller juridique, et de Léger Robic Richard, S.E.N.C.R.L., s.r.l., cabinet spécialisé en propriété intellectuelle et en droit commercial et des sociétés, en tant qu’avocat. Me Sartore possède une expertise approfondie dans les domaines de la propriété intellectuelle, des transferts de technologies, du financement public et privé et du droit des sociétés et commercial, outre le domaine biopharmaceutique. Me Sartore a obtenu son baccalauréat en droit (L.L.B.) en 1999 de l’Université de Montréal et est membre du Barreau du Québec depuis 2001. Il détient aussi un baccalauréat en sciences (avec distinction) de l’Université Concordia et a complété l’équivalent d’un DESS en Fiscalité aux HEC Montréal en 2008.
Me Sartore a joint les rangs de ProMetic en 2006 comme conseiller juridique principal – Propriété intellectuelle et a été nommé secrétaire corporatif de la Société en 2007. Me Sartore occupe le poste de chef du contentieux et secrétaire corporatif depuis mai 2013, mois où il a été nommé chef des affaires juridiques et secrétaire corporatif.
Auparavant, il a été au service d’Univalor Inc., société de valorisation de la recherche universitaire, en tant que conseiller juridique, et de Léger Robic Richard, S.E.N.C.R.L., s.r.l., cabinet spécialisé en propriété intellectuelle et en droit commercial et des sociétés, en tant qu’avocat. Me Sartore possède une expertise approfondie dans les domaines de la propriété intellectuelle, des transferts de technologies, du financement public et privé et du droit des sociétés et commercial, outre le domaine biopharmaceutique. Me Sartore a obtenu son baccalauréat en droit (L.L.B.) en 1999 de l’Université de Montréal et est membre du Barreau du Québec depuis 2001. Il détient aussi un baccalauréat en sciences (avec distinction) de l’Université Concordia et a complété l’équivalent d’un DESS en Fiscalité aux HEC Montréal en 2008.