Me Jean-François Legault a joint VIA Rail en 2014. À titre de Chef des services juridiques, gestion des risques et secrétaire corporatif, Me Legault est responsable des pratiques de gouvernance de la Société, du secrétariat, de la gestion de sa conformité en matière de sécurité, de toute question juridique liée aux opérations de VIA Rail, de même que de l’implantation d’un programme de gestion des risques et de réclamation d’assurance de l’entreprise.
Avant de se joindre à VIA Rail, Me Legault a pratiqué le droit pendant plusieurs années à Montréal. Il a occupé divers postes de direction dans le domaine du droit corporatif, dont celui de vice-président, Affaires juridiques, chez Bell Canada et Gildan Activewear, de même qu’avocat général et secrétaire corporatif chez Transat. Il possède une expérience variée en droit corporatif et en gestion de conformité, incluant la gouvernance, la gestion de litiges, les contrats, cessions et acquisitions, avec une expertise particulière dans la prestation de conseils juridiques centrée sur les stratégies et les objectifs de l’entreprise.
Jean-François détient un diplôme en droit (LL.B) de l’Université d’Ottawa et est membre du Barreau du Québec depuis 1988.
Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?
Je savais que le droit « ouvrait des portes», ayant constaté que bien des gens possédant une formation juridique faisaient par la suite autre chose. J’ai ainsi choisi le droit sachant qu’il s’agissait d’une bonne base pour le futur, en me disant que je pourrais ensuite pratiquer ou encore m’orienter vers un autre domaine.
Le droit m’a permis de développer ma capacité d’analyse, mon esprit logique et ma méthodologie, des aptitudes qui sont applicables à bien des circonstances et des professions. J’ai rapidement constaté que la formation m’apportait beaucoup…et, une fois en droit, je n’ai donc pas voulu en sortir depuis!
Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Une carrière est faite de plusieurs défis, qui varient selon l’emploi que nous occupons. Chez Bell, il s’agissait de gérer la performance et la motivation de vingt-deux avocats aux intérêts et ambitions variés.
Chez Gildan, le défi était de soutenir les activités d’exploitation d’une compagnie œuvrant en Amérique centrale dans un environnement culturel, social et économique très différent du nôtre.
Chez Via Rail, le défi est aujourd’hui encore une fois différent, et vient notamment du fait que je suis responsable de la gestion des risques. L’entreprise a évidemment une grande culture de la gestion du risque de la sécurité ferroviaire, ce qui est tout à fait normal et nécessaire puisque nous transportons des individus. Cela dit, et dépendant bien sûr du contexte, il faut parfois savoir prendre des risques. Alors que l’employé responsable de la maintenance des freins ne doit prendre absolument aucun risque puisqu’il en va de la sécurité des passagers, il peut en être autrement lorsqu’on parle de recherche de revenus : les gens du marketing, ainsi, peuvent prendre certains risques calculés. L’évaluation du risque implique de tenir compte des événements susceptibles d’avoir des impacts sur les actionnaires et la réputation de l’entreprise. Étant une entreprise fortement réglementée, il faut évidemment s’assurer d’être conforme, et même d’aller au-delà des obligations de base qui nous sont imposées. Le défi, à travers tout cela, est de démontrer à l’entreprise la valeur qu’amène une saine gestion des risques, qu’il s’agisse de les mitiger ou d’en prendre plus.
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Si j’avais une baguette magique, je voudrais démystifier la pratique du droit, bien plus vaste que celle du litige, et la rendre plus accessible sur le plan des connaissances. Si les gens étaient mieux informés, ils deviendraient, à mon avis, de meilleurs citoyens. Une personne connaissant ses droits, responsabilités et obligations est, en effet, certainement plus vigilante et mieux en mesure de remplir ses devoirs de citoyen.
La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
Malheureusement, je pense que la perception du public est moins bonne qu’elle ne l’était à mes débuts.
Pourquoi? Évidemment, le cynisme général de la population vis-à-vis de la classe politique, parmi laquelle se trouvent bien des avocats de formation, a un certain effet ‘boomerang’.
Par ailleurs, je crois que la distinction à faire entre, d’une part, le droit et son application et, d’autre part, la question du respect de la justice et de l’éthique n’est pas toujours bien comprise. La population n’a, en effet, pas toujours l’impression que le droit est au service de la justice – pensons par exemple à l’affaire Turcotte, parmi bien d’autres. Si les gens étaient mieux informés des mécanismes, ils auraient à mon avis une meilleure compréhension de l’application du droit, ce qui impacterait positivement l’image qu’ils ont envers la profession.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant se retrouver à la tête d’un département des affaires juridiques? Quelle est la clé, s’il en est une?
Comme dans tous les métiers et professions, il faut savoir, outre le fait de détenir des connaissances, prendre le temps de bien comprendre son environnement de travail. En effet, qu’on soit avocat d’entreprise ou avocat de pratique privée, il faut s’assurer de bien comprendre les enjeux de son employeur et de connaître les habiletés requises pour réussir dans ce milieu. Saisir les priorités et développer ses habiletés de communication et de persuasion sont des choses primordiales pour connaître du succès. Se concentrer sur le développement de son expertise juridique est certainement nécessaire, mais cela ne suffit pas pour se démarquer du lot : c’est tout le reste qui fera en sorte qu’on connaîtra, ou non, la progression recherchée.
En vrac…
- Son livre préféré : The Pillars of the Earth (auteur: Ken Follett).
- Un de ses bons films – The Lives of Others (réalisateur: Florian Henckel Von Donnersmarck).
- Son diction préféré – « Encore plus que le talent ou l’intelligence, l’excellence naît de l’effort. ».
- Son péché mignon– Les bleuets enrobés de chocolat noir de La Chocolaterie des Pères Trappistes de Mistassini!
- Il aime casser la croûte… au Holder (rue McGill).
- Le pays qu’il aimerait visiter : Les Pays-Bas, qu’il visiterait aux dates où l’armée canadienne a libéré le pays pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le souvenir de l’apport des Canadiens y est encore très présent chez eux, et y être lors de ces événements serait d’un grand intérêt pour lui.
- Le personnage historique qu’il admire le plus : Winston Churchill, pour son ‘we will never surrender’, sa clairvoyance et sa compréhension des impacts de la montée du nazisme.
S’il n’était pas avocat, il serait…probablement journaliste!