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Faisons parler les leaders: « Me Michel Savonitto »

4 novembre, 2015

Depuis 1987, Me Savonitto se spécialise en litige civil et commercial.  En 2011, il fonde le cabinet boutique Savonitto & Ass. inc., spécialisé en litige.
Avec une équipe de 10 professionnels, il offre à ses clients d’affaires, privés et institutionnels, une gamme de services complets leur permettant de trouver une solution à tout problème de litige par la voie de négociations ou de procédures judiciaires devant les tribunaux, et ce, jusqu’à la Cour Suprême.
Me Savonitto s’intéresse, depuis 1989, aux procédures en recours collectifs.  À cet effet, il a piloté et/ou a été impliqué dans plusieurs dossiers, en demande et en défense, notamment le recours collectif de l’hépatite C et du VIH, le recours pour les délais d’attente en radiothérapie pour le cancer du sein, des recours en matière d’environnement, de fraude et valeurs mobilières, notamment l’affaire Theratechnologies, ainsi que des recours dans le domaine de la consommation.

Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession? Était-ce une évidence, de famille ou le fruit de longues réflexions?
Dans mon cas, le droit n’était pas tracé d’avance. Dans la mesure où je n’avais pas particulièrement de talent pour les sciences et que je n’allais donc pas en médecine, l’art oratoire devenait l’autre champ d’intérêt à développer. J’ai, en effet, toujours apprécié l’art oratoire et les présentations, et ce, dès la petite école. C’est ce qui a guidé mon choix vers le droit et vers le litige, que je pratique depuis presque trente ans maintenant. Dès ma première journée en pratique, j’ai fait du litige!

Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Après un an et demi de pratique, j’ai commencé à faire des dossiers de recours collectifs. Un ami avocat par ailleurs hémophile et victime du scandale du sang contaminé est alors devenu mon client : nous avons ensemble entrepris le premier recours canadien relatif à la contamination au VIH, voyant à la sortie d’une des rencontres que les négociations entreprises avec les gouvernements pour l’obtention d’une indemnité n’avançaient que peu.
Je n’avais alors encore que très peu d’expérience : c’était donc un défi audacieux et pour le moins passionnant. Même si cela impliquait de sortir de ma zone de confort, cela me donnait, surtout, l’impression de pouvoir vraiment aider des gens qui en avaient besoin en faisant usage de mes connaissances et en faisant preuve de persévérance.
Nous avons, de fil en aiguille, trouvé une solution et mis en place un système d’indemnisation pour tous les hémophiles canadiens. La commission d’enquête Krever sur le scandale du sang a ensuite vu le jour, et la Croix-Rouge a été remplacée par d’autres organismes de gestion des banques de sang. Nous avons été, dans ce cadre, approchés pour agir dans le dossier du recours collectif de l’hépatite C, qui fut réglé en 2000. Comme nous étions membres d’un comité conjoint supervisant l’administration du règlement ayant conduit à des versements de plus de 700 millions de dollars depuis, je suis toujours impliqué à ce jour.

Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
L’accessibilité à la justice est évidemment une problématique : une problématique qui existe à plusieurs niveaux. Le système judiciaire est difficilement accessible pour certains individus, il est vrai, mais les avocats de litige ont aussi une grande part de la responsabilité de cette inaccessibilité. Les nouvelles règles du Code de procédure civile sauront bien sûr aider, mais nous avons aussi individuellement tout intérêt à favoriser le dialogue entre procureurs pour éviter les dépenses inutiles. À mon avis, il est nécessaire d’avoir plus d’échanges et de discussions et moins de débats contradictoires insipides sur des questions parfois théoriques. L’attitude de certains avocats, qui veulent à tout prix livrer ‘une bataille rangée’ plutôt que de se demander comment aider leur client à se sortir du problème, ne favorise pas la bonne gestion des dossiers. Le droit, c’est évidemment important, mais il faut savoir être pratique en même temps!

La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?
La perception est, selon moi, probablement la même, à la différence près que beaucoup plus d’informations circulent aujourd’hui. Malheureusement, il arrive que l’on généralise le commentaire à la masse lorsqu’il y a dans le groupe  – et il y en a toujours – des éléments de moins bonne qualité. Dans un contexte où les médias et réseaux sociaux propagent la nouvelle très rapidement, on entend donc plus qu’avant parler des éléments moins performants, même s’ils ont toujours existé.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant avoir du succès en pratiquant le litige en cabinet?
La plus grande qualité est d’être travaillant : c’est une donnée de base indispensable. Réussir sa carrière en droit ne vient pas rapidement et sans trop d’efforts, qu’on pratique en grand ou en petit cabinet. Il faut y mettre de l’énergie, faire preuve de persévérance et ne pas baisser les bras aux premiers écueils ou soubresauts.
La curiosité, quant à elle, donne envie d’apprendre et de découvrir des choses. Elle aide le jeune avocat à trouver sa voie, ce qui n’est pas nécessairement facile. En expérimentant toutes sortes de choses et en travaillant dans toutes sortes de domaines, on se donne la chance de savoir ce qui nous convient le mieux.
En vrac… 

  • Ses films préférés : Ceux de James Bond! 
  • Il aime : Les chansons de Stromae. 
  • Son dicton préféré – ‘Il faut aller de l’avant’. Quand ses clients ont un problème, c’est ce qu’il leur dit : il faut trouver des solutions pour leur permettre d’aller de l’avant.
  • Son péché mignon – Le chocolat au lait.
  • Son restaurant préféré – Graziella (rue McGill).
  • Il aimerait visiter…Les pays scandinaves. 
  • Le personnage historique qu’il admire le plus – Nelson Mandela, pour sa conviction, son rêve et sa persévérance. Il fait partie de ces gens capables de dédier une vie complète au rêve qu’ils ont, et cela suscite son admiration.
  • S’il n’était pas avocat, il serait… Urgentologue, notamment parce qu’il faut y prendre des décisions sur-le-champ!