Blog

Un 2ème cycle est-il indispensable?

19 August, 2014

Une fois leur baccalauréat en droit complété, de nombreux étudiants décident de poursuivre leur formation universitaire et s’inscrivent à un programme de deuxième cycle, espérant ainsi rendre leur profil plus attrayant aux yeux des recruteurs.

Si une maîtrise peut être un atout sur le marché de l’emploi, certains préalables sont à prendre en considération avant de se lancer dans deux années d’études supplémentaires.

 

« On l’oublie souvent, mais il est important d’avoir un intérêt pour la matière : ça motive à aller au bout du programme qui est très exigeant » note MeCaroline Haney, de Haney Recrutement juridique. Après l’obtention du diplôme vient le début de la carrière professionnelle et il est préférable de ne pas la condamner avant même d’avoir commencé rappelle la recruteuse.

 

Il est également primordial de s’interroger sur les domaines de droit actuellement en demande et vérifier que la formation offre un caractère pragmatique. « Une maîtrise peut être un atout mais tout dépend dans quel domaine l’enseignement est suivi et ce que l’étudiant entend faire avec son diplôme. Une maîtrise pour une maîtrise, ça ne sert à rien », indique MeDominique Tardif,vice-présidente chez ZSA, qui considère que dans certains champs de pratique un deuxième cycle n’est pas nécessaire, tel qu’en droit familial ou en droit des affaires.

 
Les deuxièmes cycles porteurs
Parmi les deuxième cycle qui constituent une vraie valeur ajoutée sur un curriculum vitae, il y a la maîtrise en fiscalité. Si la « brique fiscale » rebute beaucoup de juristes, les recruteurs rappellent qu’il y a toujours un besoin dans ce secteur. « La maîtrise est une condition d’embauche pour certains cabinets qui recrutent pour leur groupe de droit fiscal », souligne Me Tardif.

Pour les avocats qui souhaitent sortir du cadre du droit et qui visent un poste de gestionnaire en entreprise, un Master of Business Administration (MBA) reste une porte d’entrée à privilégier, indique MePierre Arcand, deArcand et Associés.

« Le MBA offre la garantie que l’avocat ne fera pas que soulever les embûches juridiques, qu’il a aussi le regard “affaires” et qu’il comprend les objectifs d’une entreprise », ajoute Me Tardif.

La maîtrise en Common law serait aussi un enseignement à envisager pour les avocats qui veulent donner à leur pratique une ouverture transfrontalière en droit commercial ou des affaires. Un deuxième cycle en ressources humaines est aussi une carte supplémentaire dans le jeu des juristes qui exercent en droit du travail et de l’emploi, complète Me Arcand.

Me Pierre Arcand d’Arcand & Associés
 
D’autres options envisageables
 

Sans aller jusqu’à compléter un deuxième cycle, d’autres diplômes, tels que des certificats en gestion, permettent aussi de valoriser une candidature, tout en prenant moins de temps et en laissant plus de flexibilité.

Pour ceux qui se destinent au droit des valeurs mobilières, le cours de l’Institut canadiens des valeurs mobilières est un atout indéniable. « C’est un must pour le juriste qui veut pratiquer dans le domaine », soulève Me Tardif, qui pointe aussi les formations dispensées par l’Institut des administrateurs de sociétés pour les avocats qui souhaitent se démarquer dans leur pratique à l’interne, et devenir par exemple, secrétaire d’une société.

 

Quand s’inscrire ? 

Sauf pour les étudiants qui ont déjà une idée très précise du secteur de droit dans lequel ils veulent pratiquer et ceux qui se destinent à une carrière dans l’enseignement, Mes Haney et Arcand recommandent aux candidats de tenter d’abord leur chance sur le marché du travail.

« Il est important d’acquérir deux ou trois ans d’expérience pour savoir quel choix faire. Après le stage, on a déjà un pied dans la vie active et il peut être dangereux de s’en éloigner pendant deux ans » considère Me Arcand.

 

L’inscription à l’université peut toutefois être un plan B au cas où l’étudiant ne trouve pas d’emploi à l’issue de son stage de formation professionnelle. « On évite ainsi d’avoir un trou dans son c-v et on ne perd pas de temps », souligne Me Haney.

 

Toutefois, un diplôme de deuxième cycle n’est pas une garantie de succès sur le marché du travail et n’aurait pas non plus un grand impact sur le salaire de ses titulaires. « Le diplôme rend plus compétitif dans le processus de recrutement mais ce n’est pas la recette magique », rappelle Me Tardif qui conclut toutefois sur une note positive: à l’approche de la rentrée, un regain d’activité se fait actuellement sentir dans les cabinets d’avocats, avec des perspectives d’emploi favorables. « Il y a de l’effervescence, on a le droit d’être positifs. »